Depuis l’avénement de la révolution, les opérations terroristes se sont succédées crescendo dans notre pays. Longtemps confiné aux régions frontalières, le terrorisme frappe désormais au sein de mes grandes agglomérations.
Choisissant des cibles névralgiques et hautement symboliques, il a eu des répercussions économiques conséquentes en s’attaquant au tourisme et a défié nos institutions en frappant la garde présidentielle.
Le terrorisme est devenu le souci majeur du pouvoir et des tunisiens, une cause d’inquiétude qui alourdit une ambiance générale déjà morose.
Le sentiment général qui se dégage chez les tunisiens est que les gouvernements successifs ont été incapables de faire face à ce fléau. Parfois même, ils sont accusés de complaisance voire de connivence avec le terrorisme.
Or, s’il est impérieux de s’attaquer à ce fléau avec des rangs serrés, dans le cadre d’une union nationale sacrée, il est toutefois indispensable d’avoir une lecture juste de l’ennemi.
En premier lieu, il est matière à s’interroger sur cette capacité du terrorisme à recruter dans notre pays. Un tel pouvoir d’embrigadement qui fait de notre pays le second pourvoyeur des réseaux terroristes internationaux. De ce fait le terrorisme en Tunisie a d’abord une expression locale et une émanation nationale même s’il opère sous des enseignes internationales.
C’est en identifiant les raisons de l’engouement pour la cause terroriste que nous pouvons espérer tarir les sources du terrorisme.
A l’UPR, nous constatons que la répartition territoriale du terrorisme épouse parfaitement celle de la révolte de décembre2010-janvier 2011.
Les populations qui ont initié cette révolte nourrissaient l’espoir de mettre fin à la marginalisation qui les frappait. Elles avaient reporté tant d’espoirs sur cette révolte qui devait mettre fin à la pauvreté, au chômage et à l’exclusion.
Or, ces franges de la population durent rapidement désenchanter en voyant les réseaux du pouvoir déchu se réorganiser et maintenir leur emprise sur l’économie et la politique en instrumentalisant les médias et en manipulant l’opinion publique.
Comment ne pas comprendre alors la frustration suscitée par le constat d’échec d’une révolte incapable de se muer en révolution et qui engendre dans son sillage un ressentiment, voire un rejet du modèle en cours.
Le terrorisme n’est- il pas l’enfant légitime d’une révolution non accomplie ?
C’est pourquoi, et nonobstant les malheurs qu’il génère, le terrorisme pourrait constituer pour notre pays une <<chance>> et pour la révolution une session de rattrapage.
En effet, le terrorisme nous a imposé une guerre que nous avions longtemps tergiversé avant de s’y engager. Il devrait également nous imposer d’adopter une économie de guerre. Celle ci devra nous inciter à nous appuyer sur nos ressources propres avec une réduction des échanges et en particulier l’importation des biens de consommation. Ce qui aboutit de fait à une politique protectionniste qui reportera la demande intérieure sur les entreprises nationales. De ce fait, les entreprises devront investir et embaucher pour faire face à cette pression de la demande. Alors, la révolution aura une chance d’aboutir en offrant un emploi et une perspective d’avenir aux oubliés et de les détourner de la nébuleuse terroriste.